Des Assises intéressantes se sont tenues à Paris le 3 octobre 2022, avec des intervenants d’expérience, de réflexion, passionnés, les mains dans la fleur - ou pas- et l’absence de manichéisme. Elles étaient complètement organisées par l’Union Nationale des Fleuristes (UNF). Le thème était “La traçabilité de la fleur coupée : un enjeu pour un approvisionnement durable.” À entendre les intervenants, ce qui pourrait être une problématique simple ne l’est pas vraiment. En effet, pour établir une traçabilité, il ne suffit pas d’indiquer la provenance de la fleur : France, Hollande, Équateur, Colombie, Kenya…
Derrière ce mot, on peut aussi évoquer le bilan carbone, est-il plus élevé si on transporte des fleurs par avion ou si on les cultive dans des serres éclairées jour et nuit, et chauffées. À cela, il faut ajouter les environnements phytosanitaires (avec des normes différentes selon les pays et pas seulement ceux du bout du monde), économiques et sociaux.
Dans la première table ronde (ces Assises en comptaient trois) dont le thème était : ”quand le consommateur se questionne, la filière fleur s’engage: la question du sourcing et les réponses des professionnels » certains ont insisté sur ce point.
Gilles Rus (Directeur développement à la Sica Marché aux Fleurs de Hyères (Var) et Philippe Alary (PDG de Rosedor) insistent sur le poids des normes phytosanitaires, l’interdiction d’utiliser certains pesticides sans rien avoir pour les remplacer, la disparité des obligations entre les différents pays européens. Cela met en danger la production et oblige les exploitations à changer de végétaux produits ou à disparaître (certains ont été obligés de remplacer les fleurs par les légumes.)
Mathilde Bignon, Collectif de la fleur française, cofondatrice et présidente de Désirée Fleurs, explique qu’elle n’utilise que de la fleur française et a développé son modèle économique.
Béatrice Cabin, fondatrice et directrice de la route des Fleurs (M.I.N) de Nantes refuse que soient diabolisées les fleurs venues d’Afrique ou d’Amérique du Sud.
Une des conclusions de la table ronde et qu’il y a vraiment complémentarité entre les différentes origines, la majorité des fleuristes les vendent toutes quel qu’en soit le pourcentage de la fleur française.
La complémentarité est d’autant plus nécessaire qu’il n’y a pas assez de fleurs françaises pour tous; même quand on est en pleine période de production. La faiblesse des quantités et l'étroitesse de la gamme peut générer des coûts de transport importants, surtout dans les régions sans production, ainsi qu’a témoigné Stéphane Chanteloube, fleuriste près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
1e Table ronde : Stéphane Chanteloube (Fleuriste MOF), Mathilde Bignon (Collectif de la Fleur Française et Désirée Fleurs), Philippe Alary (Pdg de Rosedor), Dominique Leglu (Directrice Editoriale des revues "Sciences et Avenir" et "La Recherche" qui a animé l'ensemble des débats, Gilles Rus (Directeur développement de la SICA Marché aux Fleurs de Hyères - Var) et Béatrice Cabin (Fondatrice et directrice de "La route des fleurs" (De gauche à droite sur la photo).
Dans la première table ronde (ces Assises en comptaient trois) dont le thème était : ”quand le consommateur se questionne, la filière fleur s’engage: la question du sourcing et les réponses des professionnels » certains ont insisté sur ce point. Gilles Rus (Directeur développement à la Sica Marché aux Fleurs de Hyères (Var) et Philippe Alary (PDG de Rosedor) insistent sur le poids des normes phytosanitaires, l’interdiction d’utiliser certains pesticides sans rien avoir pour les remplacer, la disparité des obligations entre les différents pays européens. Cela met en danger la
production et oblige les exploitations à changer de végétaux produits ou à
disparaître (certains ont été obligés de remplacer les fleurs par les légumes.)
Mathilde Bignon, Collectif de la fleur française, cofondatrice et présidente de Désirée Fleurs, explique qu’elle n’utilise que de la fleur française et a
développé son modèle économique. Béatrice Cabin,fondatrice et directrice de la route des Fleurs (M.I.N) de Nantes refuse que soient diabolisées les fleurs venues d’Afrique ou d’Amérique du Sud.
Une des conclusions de la table ronde et qu’il y a vraiment complémentarité
entre les différentes origines, la majorité des fleuristes les vendent toutes
quel qu’en soit le pourcentage de la fleur française.
La complémentarité est d’autant plus nécessaire qu’il n’y a pas assez de fleurs françaises pour tous; même quand on est en pleine période de production. La faiblesse des quantités et l'étroitesse de la gamme peut générer des coûts de transport importants, surtout dans les régions sans production, ainsi qu’a témoigné Stéphane Chanteloube, fleuriste près de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
2e Table ronde : Vincent Dutertre (Directeur Général - Société de gestion Automobile Club de France), Maxime François (Président de Fleurassistance), Brand Wagenaar (Analyste expert des filières horticoles), Dominique Leglu, Valeria Rodriguez (Responsable du pôle Plaidoyer et Mobilisation chez Max Havelaar France), Gérard Crouau (Président de Agro Sans Frontière). (De gauche à droite sur la photo)
Conclusion confirmée lors de la deuxième table-ronde “Pas si simple, l’influence des enjeux géopolitiques dans la transformation durable de la filière.”
Valéria Rodriguez, responsable du Pôle “Plaidoyer et Mobilisation” chez Max Havelaar explique que la culture des fleurs coupées est importante dans les pays du Sud, américains et africains, où est implantée l’ONG. Et que cette dernière permet d’améliorer les conditions de travail et de vie des salariés et même de les soutenir en cas de crise, comme celle du Covid. Maxime François, président de FleurAssistance (Rungis) confirme ses propos en prenant l’exemple du Kenya et détaillant sur l’économie du pays l’importance de la production de fleurs coupées.
Brand Wagenaar, analyste expert des filières horticoles, souligne que les conditions géopolitiques sont en train de se modifier durablement: guerre en Ukraine, augmentation des coûts de l’énergie, de la main-d’œuvre, des intrants…Les cartes vont être rebattues.
Dans les pays traditionnels, le nombre de producteurs devrait continuer à diminuer alors que les surfaces pourraient rester constantes, d’autres zones de production pourraient apparaître, pas forcément pour l’exportation.
Les consommateurs sont-ils sensibles à l’origine des fleurs. Vincent Dutertre, directeur général “Société de Gestion Automobile Club de France”, différencie le consommateur “professionnel” qui a besoin de fleurs pour décorer des lieux de réception, dans ce cas la couleur et les variétés sont primordiales, du consommateur privé plus sensible à la provenance.
Fanny Parise (Docteur en sociologie anthropologie et journaliste), Sophie Remond (Responsable du pôle d'expertise consommateurs à l'Institut National de la Consommation), Miloud Benaouda, (Président Western Europe du groupe Barilla), Dominique Leglu, Stéphane Layani, (Pdg de Semmaris, M.I.N. de Rungis) Florence Pacchioni-Borgnier, directrice des opérations chez Puressentiel. (De gauche à droite sur la photo)
Cet exemple montre le rôle multiple de la fleur. Stéphane Layani, Pdg de Semmaris, M.I.N. de Rungis, au cours de la 3e table ronde « Rendre plus durable et vertueuse la filière fleur : tous responsables ? Tous acteurs du changement » reprécise le produit fleur. Il est un immatériel, désincarné porteur de message et d’une représentation sociale. Et si on n’arrive pas à les changer, on est obligé d’importer et si on ne le fait pas, cela pourrait mettre en danger la filière. Il parle surtout de la Saint Valentin et de la fameuse rose rouge, qui quoiqu’on fasse reste incontournable.
Augmenter la production de fleurs françaises est un chantier énorme et passionnant, « mais il ne faut pas s’imaginer qu’on fera un grand soir pour changer l’origine de la fleur » et il s’interroge « Est-on vraiment prêt à se couper un bras pour être conforme à la transition écologique? De plus, pour être viable, l’entreprise doit avoir une certaine taille et éventuellement posséder des serres selon le modèle des Pays-Bas et une production ne se décrète pas. Il faut qu’il y ait un marché.
D’autant que rappelle Sophie Remond, responsable du pôle d’expertise consommateurs de l’Institut National de la Consommation, le prix reste le nerf de la guerre. De plus, les consommateurs ne connaissent pas la filière et en ont une perception plutôt négative. Mais l’achat de fleur est une pratique occasionnelle, un achat plaisir donc le consommateur ne se pose pas trop de question. Pour être viable, l’entreprise doit avoir une certaine taille et éventuellement posséder des serres selon le modèle des Pays-Bas et une production ne se décrète pas. Il faut qu’il y ait un marché.
Pascal Mutel, président de l’UNF, insiste dans sa conclusion « il est important de ne pas opposer les uns aux autres. « Il faut être tous ensemble pour valoriser les fleurs françaises, européennes, mondiales ainsi que nos métiers et nos savoir-faire.
Arrêter d’opposer est le plus important insiste Catherine Muller, présidente de Valhor qui poursuit « il faut continuer à produire et à proposer de la qualité. Communiquer, améliorer les données pour mieux connaître les consommateurs et surtout fédérer, parler d’une seule voix. Un avis partagé par tous les intervenants.
Ces Assises très riches ont bien été suivies par la presse qui, parfois, a fait un compte-rendu restrictif les résumant à « l’obligation pour les fleuristes d’indiquer la provenance des fleurs dans les bouquets. » Une information inexacte qui a créé du buzz et des polémiques. Mais l'important n'est pas là...